Autour de l’Epiphanie de 2025
   07/01/2025
Autour de l’Epiphanie de 2025

Autour de l’Epiphanie de 2025

 En ce 6 janvier jour de l’Epiphanie, j’ai envie de partager avec vous, quelques éléments qui marquent cette période de fin d’année et de début de l’an, et qui ne se limitent pas aux Rois Mages ou à la galette des Rois.

Au cœur de l’hiver et de l’obscurité, nous avons fêté Noël, la fête la plus joyeuse et la plus brillante fête de l’année, quelle que soit notre religion !  Noël est d’ailleurs un curieux mélange de traditions religieuses et païennes, y compris dans les trop célèbres « 13 desserts » ou la tradition provençale du « Cache Fio »

La célébration de la naissance de Jésus est apparue en Occident au cours du IVème siècle et a été fixée le 25 décembre, jour du solstice du calendrier julien et elle est restée à cette date quand on a ajusté les calculs et fixé avec la réforme du calendrier de 1582, le solstice au 21 ou au 22 décembre.

Cette fête s’est substituée aux fêtes romaines, celtes et nordiques célébrant, depuis la nuit des temps, le solstice d’hiver et le retour du Soleil. Le Sol invictus.

Les pères de l’Eglise ont ainsi christianisé les rites païens les plus populaires sous l’Antiquité et, en particulier, le culte voisin et rival de Mithra qui était alors implanté à Rome et en Gaule. Mithra dieu protecteur envoyé sur terre un 25 décembre pour annoncer la renaissance du Soleil.

Les Romains organisaient à cette période des saturnales. On y partageait déjà la fève et on désignait ainsi le roi de la fête.

Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenue la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements.

C’est encore dans les mêmes coutumes ou habitudes ancestrales qu’il faut trouver l’origine de la galette des Rois.

En tirant les Rois en la fête de l’Epiphanie nous pensons aux Rois Mages, à la crèche et encore aux cadeaux. En Espagne c’est encore ce jour-là que l’on fait les cadeaux aux enfants.

Or la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui n’a dans ses origines rien à voir avec eux. C’est une tradition qui se réfère elle aussi à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus et qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres. Le « Sol Invictus »

Le gâteau partagé à cette occasion, appelé « galette », était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau plat et rond, sorte de « pythiviers », symbolisant le soleil qui renaît, (on retrouvera ainsi le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur) alors que le gâteau des Rois dans le midi est plutôt une brioche en forme de couronne qu’on appelle «  royaume » et qu’on appelait plus fréquemment « couronne » ressemblant dans sa forme à la pogne de Romans ou de la Drôme.

Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie ! La manifestation de la Lumière du Monde aux Nations, symbolisées par les Rois Mages, chacun venu d’horizons différents.

Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée « anticivique », fut rebaptisée « fête du bon voisinage » - lointaine ancêtre de nos fêtes de quartiers ou de villages, fêtes qui se développent de plus en plus au cours de notre mois de mai. On y dégustait non plus la fameuse « galette royale » mais la « galette des Sans-Culotte ».

Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine, - dit-on ! - de la belle barbe de ce Roi.

Le 6 janvier 1521 le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. On lui signala qu’un autre roi venait d’être élu dans un hôtel voisin, l’hôtel Saint Pol. « Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1eril ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin ! ». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Soudain, pour faire reculer les attaquants, un mauvais plaisant lança un tison enflammé qui atteignit le roi au menton et le blessa. Pour cacher sa cicatrice, François 1er laissa pousser sa barbe et pour ne pas être en reste ces Messieurs de la Cour firent de même.  La Cour devint barbue et la mode était lancée !                                                                                                        

Fêtons les Rois sans scrupules. Cela n’a plus rien de païen dans nos festivités et l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur !

Le jour de l’Epiphanie marque souvent le début de l’hiver, ou au moins une forte reprise du temps froid ce qui n’est pas le cas cette année puisqu’il y a plutôt un radoucissement très net mais de la pluie.

Nos vieux dictons du temps annoncent : « Les hivers les plus froids, sont ceux qui prennent vers les Rois ». Mais un temps différent peut être un autre présage :« Beaux jours aux Rois, blé jusqu’au toit. » ou encore : « Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits. ».  Et :« Si le soir du Jour des Rois, beaucoup d’étoiles tu vois, Tu auras sécheresse en été, et beaucoup d’œufs au poulailler ».

Nous serons attentifs à observer ce qui va se passer autour de la pleine lune du 13 janvier. 

Toute cette période est jalonnée de dictons liés aux saints du calendrier, qui tous annoncent du mauvais temps, ou la fin du mauvais temps, avec plus ou moins de bonheur selon la place où ils se situent dans la courbe lunaire.

Ainsi 17 janvier en la fête de Saint Antoine : « De sent Antoni à sent Bastian Faï mai de frech qu’entre tout l’an ». Saint Sébastien c’est le 20 janvier. Pour le 18, célébration de la Chaire de Saint Pierre à Rome, on trouve ceci : « A la saint Pierre, l’hiver s’en va ou se resserre ».  Le 22 janvier, jour de la fameuse Saint Vincent bien connue des vignerons : « A la saint Vincent, tout dégèle ou tout fend ! ». Il est sûr, et les observations des météorologues modernes l’ont relevé, qu’aux environs du 20 janvier, avec un nœud lunaire qui aura lieu cette année le 21, marquant l’amorce d’une courbe ascendante, revient très souvent dans notre atmosphère un anticyclone continental qui entraîne avec lui, deux fois sur trois, une masse d’air froid. « L’hiver reprend… ou l’hiver se rompt la dent ! » et ce n’est pas qu’une question de rime. C’est souvent l’annonce d’un début février froid qui  peut nous laisser prévoir la Nouvelle Lune du 29 janvier.

Je relève ces autres alertes : le 26, jour où la courbe lunaire commence à remonter : « Saint Polycarpe nous écharpe » comme on dit dans le Vivarais. Pour le 27 qui suit : « Neige de Saint Babylas, bien souvent on s’en lasse ». Pour le 28 « saint Charlemagne, février aux armes ! » et le 30 « prends garde à la sainte Martine car souvent l’hiver se mutine » ou « attention à la sainte Martine, l’hiver reprend dès matines ». Nous voilà prévenus !

Le ciel nous offrira un spectacle extraordinaire le 21 janvier avec l’alignement de six planètes – Mars, Jupiter, Uranus, Neptune, Vénus et Saturne. Nous ne manquerons pas d’observer cet alignement car il ne se produit que tous les 100ans. Les diseurs de bonne aventure et autres Madame Soleil s’en donnent déjà à cœur joie et se laissent aller à leurs élucubrations sur ce que va être cette année 2025 en allant chercher à la rescousse notre célèbre Nostradamus.

Ne tombons pas dans le panneau, notamment des mois à 5 dimanches qui vont se retrouver cette année encore alors que plusieurs d’entre nous sont tombés dans le panneau en nous envoyant des mails annonçant ce décembre 2024 extraordinaire dans une situation ne se reproduisant que tous les 300 ans ou que sais-je ! Il y aura 5 dimanches en Mars et en Juin 2025 et même 5 samedis en Avril… simple question de calcul !

Le début de l’année c’est aussi le moment où de façon rituelle et formelle on rendait visite, dans les quinze premiers jours, à son entourage proche, famille et amis, collègues de travail, et même à des familles pauvres ou à des malades. On envoyait aussi des cartes de vœux, coutumes qui ont tendance à disparaître à l’époque d’internet.

J’expliquerai plus longuement une autre fois l’origine de ces cartes. Peut-être une origine dans l’autorisation donnée dans certains ordres, aux religieuses, séparées de leurs familles, de leur écrire un petit mot ce jour-là. D’autres prétendent qu’il faut remonter à un usage en cours chez les habitants du Céleste Empire de Chine, où l’on envoyait des vœux aux amis, sur des feuilles de papier de riz, dont la dimension devait être en rapport avec l’importance qu’on voulait donner au destinataire.

Vu la considération et la haute estime en laquelle je tiens chacun de vous, cette chronique, sans atteindre deux mètres de longs comme c’était parfois le cas en Chine, a une longueur à la mesure des vœux que je partage avec chacune et chacun de vous et de façon la plus sincère pour 2025. 

Bonne Année et A Diou sias !                                                                                                                                                     

 Jean Mignot

Au soir du jour de l’Epiphanie 6 janvier 2025