L’OBÉLISQUE DU PLAN DE FONTMORT Olivier POUJOL
   08/08/2025
L’OBÉLISQUE DU PLAN DE FONTMORT  Olivier POUJOL

L’OBÉLISQUE DU PLAN DE FONTMORT

 

Olivier POUJOL

 

Le plan de Fontmort est un petit col, sur un point bas de la ligne du partage des eaux, à la jonction des communes de Barre, de Cassagnas, et de Saint-Martin-de-Lansuscle, formant depuis très longtemps un croisement de routes. Le nom de Fontmort désigne une fontaine ou une source asséchée, mais le site est aussi lié à la Légende de la Vieille Morte (le plan de l’enfant mort, en occitan l’efon mort : cette femme âgée aurait perdu son enfant en ce lieu et l’y aurait enterré). Cette légende qui a été très populaire dans les Cévennes, est fondée sur l’interprétation de presque une dizaine de noms de lieux. Ce nom de Fontmort se prononçait naguère au féminin : Fontmorte. Le col fut le théâtre de trois combats pendant la guerre des Cévennes (Esprit Séguier y fut arrêté en juillet 1702) et la mémoire locale rapporte que les Camisards ensevelirent sur place les corps de leurs camarades disparus.

 

En 1887, au Plan de Fontmort, la frange libérale du protestantisme cévenol célèbre le centenaire de l’édit de tolérance. Dans l’année 1887, Le Foyer Protestant et Le Protestant libéral, relayant une suggestion faite par Auguste Numa Boyer, pasteur de Saint-Martin-de-Lansuscle, annoncent une grande fête religieuse prévue pour l’été 1887 au Plan de Fontmort où « nous avons décidé d’élever un modeste monument, une pierre, un bloc arraché à l’un de nos sommets, pour rappeler le souvenir de trois combats livrés à cet endroit par nos Pères contre les soldats de Louis XIV ». Au départ, il n’avait été question que de commémorer les batailles livrées en ce lieu par les Camisards contre les dragons du roi. Il fut convenu ensuite que l’on célébrerait plutôt le centenaire de l’édit de 1787, dit édit de tolérance qui donna un état-civil aux protestants de France sous le règne de Louis XVI.

La plaque apposée sur le monument évoque les deux intentions, le discret rappel des combats soulignant les vertus de la tolérance : « À l’occasion du centenaire de l’édit de tolérance, les fils des huguenots ont, sur le théâtre des anciens combats, élevé ce monument à la paix religieuse et à la mémoire des martyrs, 1887 ». Le monolithe avait été taillé, dans un ban de calcaire de la Can de l’Hospitalet et amené à Fontmort. Son transport à l’aide d’un imposant attelage de bœufs a été longtemps raconté par les Barrois qui le virent passer dans la rue principale. Des collectes avaient été organisées auprès des paroissiens des églises des hautes Cévennes pour financer le monument.

 

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Photo : Caillou