À vélo sur le Méjean : À la recherche d’un temps perdu
Texte et photos de Michel Chabaud
Il y a mille et une raisons d’aimer le causse Méjean, ses vastes étendues désertes, sa proximité du ciel, ses vieilles fermes grises.
Pour une osmose totale avec ce haut plateau je pourrais vous proposer une marche flânerie sur le Gargo scalpé par le vent, une errance parmi les rochers animés de Nîmes le Vieux un jour de brouillard, un émerveillement printanier plein de fleurs puis de cheveux d’ange, mer d’écume qui ondule au moindre Zéphyr.
Je pourrais vous proposer aussi une recherche d’un sabot de Vénus, discret, rare, sublimation créatrice de la déesse Nature, ou dans le crépuscule paisible et silencieux, une imprégnation mélancolique d’un retour du troupeau vers la bergerie.
Je vous propose une tournée à vélo de 50 km environ, huit centré à Hures et dont le thème sera une petite histoire du Méjean Est au travers de ses plus belles gueules d’avens qui depuis plus d’un siècle et les Abîmes de Martel (1894 chapitre 11 : le causse Méjean p 121-128) ne cessent de fasciner leurs dociles aventuriers.
Avant de partir de la ferme de Déidou, en guise d’échauffement, gravissons à pied la longue pente du Pic d’Usclat hérissé de rochers ruiniformes et qui touche presque le dôme émoussé du Gargo, montagne palestinienne et point culminant du causse à 1 247 mètres. Pour évoquer l’aven qui tel un piège s’ouvre soudain au milieu de nulle part, je remonte à la surface de vieux souvenirs d’une époque où une certaine confidentialité régnait autour de ces cavités caussenardes connues des seuls autochtones et de quelques fouineurs de publications dont je faisais partie.
Vendredi 5 juillet 1974 : Nous grimpons au Pic d’Usclat. Longue marche panoramique avec de là-haut des vues circulaires sur les immensités caussenardes et au-delà. Nous arrivons devant la grande gueule isolée de l’aven de la Fageole d’où monte une vapeur humide. Cette entrée me touche beaucoup par son isolement total sur ce sommet du Méjean, entourée de silence, de petites pierres grises sonores sous les pas et d’herbe rase jaunie. […]
Extrait d’un article du Cévennes Magazine n° 2370 du samedi 13 décembre 2025 disponible chez votre marchand de journaux ou en commande sur votre site internet.
