
LE CURÉ DE PEYREMALE Par Bernard Collonges
Gnafron et son compère Guignol vivent à Lyon, sur la colline de la Croix-Rousse, depuis que Laurent Mourguet les y a créés au début des années 1800.
Gnafron, à qui son métier de regrolleur (1) laisse beaucoup de temps libre, particulièrement en ces temps de chômage, a décidé de quitter Myrelingues-la-brumeuse pour s'offrir un séjour dans la vallée de la Cèze.
C'est de Rochessadoule qu'il écrit à son compagnon resté à Lyon.
Comme bien s'accorde, Gnafron écrit comme il parle, c'est-à-dire aque (2) des mots et approximations du vieux parler yonnais (3) qui prévaut sur les pentes de la Croix-Rousse. Pour les ceusses qui trouveraient ce langage un peu trop abscons, des notes indiquent, en fin de texte, la traduction proposée par le Littré de la Grand'Côte de Maître Nizier du Puitspelu.
Rochessadoule, ce jour d'hui.
Mon cher Guignol,
Dans ma précédente missive, je te disais que lou Aguinchaire, l'un de mes alcoolytes (4) du bar de la mairie, un des deux érudits de la bande, m'avait prometu (5) de m’emmener visiter la commune de Peyremale dès qu'il aurait retrouvé son permis de conduire que la maréchaussée lui a si arbitrairement confisqué (6). Comme il ne l'a toujours pas retrouvé, c'est lou Bancanal qui, malgré sa patte folle, nous y a conduits hier après-midi, en nous assurant que lui, au moins, on risque pas de lui prendre son permis, vu qu'il n'en a jamais eu. Y nous a dit ça d'un air si tellement sérieux que j'ai pas su si c'était du lard ou du cayon (7). Sans doute que c'était juste une gandoise (8). Mais vat ! L’important c'est qu'on soye arrivés à bon port et sans même croiser un urbain (9).
Extrait du Cévennes Magazine n° 2344 du samedi 14 juin 2025 disponible chez votre marchand de journaux ou en commande sur notre site internet.