SAUVONS LES LANGUES RÉGIONALES
par
Pierre Mazodier
Il est rare qu’un journaliste d’un périodique national s’intéresse aux langues de France.
Saluons donc la brillante exception de ce journaliste de l’Express qui est l’auteur d’une lettre d’information hebdomadaire « Sur le bout des langues ».
Il a repris et réuni des passages importants de cette lettre dans un ouvrage : « Sauvons les langues régionales » paru chez « Héliopes ».
Cet ouvrage a une ambition : réconcilier la France avec sa diversité de ses architectures, de sa gastronomie, de ses paysages. Une exception : ses langues : une en haut : le français, et tout en bas : « la patois ».
Le français s’est imposé comme langue du roi puis de la République. Ne confondons pas langue commune et langue unique.
Le bilinguisme aide pour une réussite scolaire. Une langue permet de mieux comprendre son environnement. Passer d’une langue à l’autre développe ses fonctions cérébrales.
La France est historiquement un pays plurilingue : langues latines, germaniques, celtiques et même une langue préceltiques : le basque.
Passer d’une langue à l’autre dès le plus jeune âge est un fabuleux atout.
« Je penserai que le provençal est une langue quand je verrai un traité de géométrie en provençal » (Giono en 1964). Monsieur Giono ignore tout simplement que le premier livre de mathématiques qui ne soit pas en latin, était en provençal : « Lo compendium de l’abaco » (1492)
Un racisme anti-sud a été développé par les écrivains célèbres : Stendal, Balzac, Hugo, Mérimée.
La répression de la langue maternelle peut entraîner des souffrances ; en 2017, le Congrès mondial pour la santé publique demande le renforcement de la langue autochtone.
Quelques exemples d’aide à ces langues.
Il y a 30 ans, environ 500 000 personnes parlaient gallois ou breton.
Aujourd’hui, les Bretons sont 200 000, les Gallois 600 000, et même 700 000 si on compte les Gallois de l’extérieur.
Pour le catalan, les mesures sont beaucoup plus favorables en Espagne qu’en France.
Les écoles basques connaissent un étonnant succès qui permet un impressionnant renouveau du basque en France.
À noter aussi le succès des écoles Diwan (semblables aux calendretas) en Bretagne.
Internet peut être une chance pour les langues minoritaires. Basques, catalans, bretons s’y sont mis.
En Corse, Romain Colonna, maître de conférence en socio-linguistique, défend la nécessité d’instaurer la co-officialité du corse et du français.
En Béarn, François Bayrou a inauguré à Pau un quartier créatif dédié au béarnais et à sa culture avec de multiples activités.
Rappelons qu’en étant ministre de l’éducation Nationale, Bayrou a sauvé les calandretas.
La défense de nos langues demande des mesures concrêtes et efficaces à l’école, la radio et la télévision. Les « accents » doivent être respectés et la Charte européenne des langues régionales et minoritaires doit être ratifiée.
Ces mesures sont populaires : 61 % des français trouvent « dommage que la pratique des langues dites régionales ne soit pas plus encouragée ».
Bravo à Michel Feltin-Palas. À nous dans notre pays alésien de suivre son exemple.