Quand passe le Père Noël… Par Alain Gurly
En guise de clin d’œil à tous ces adolescents pendus à leur smartphone, à longueur de journée…
Le jardin public était plein de neige, de froid et de glaçons qui pendaient le long de la toiture délabrée en zinc du vieux kiosque à musique.
Il faisait beau pourtant et la nuit noire qui était tombée sur la petite ville allumait au ciel les myriades des bougies d’étoiles en cette veillée de Noël.
L’air givré par le gel paraissait vibrer de lumières.
Vêtue d’un anorak bleu vif à capuchon, et de pantalon de la même couleur, mais fluo, chaussée de bottines fourrées, une gamine d’une douzaine d’années s’était assise seule sur un banc vétuste, en bois, que l’on avait débarrassé de la neige.
Personne ne passait sur cette place, car les gens, claquemurés dans leurs maisons, préparaient le réveillon.
La petite fille toute seule parlait cependant. Elle parlait à son téléphone…
- Hé oui ! Disait-elle à une lointaine copine au bout du fil, ils n’ont pas voulu que je sorte ce soir. Ils disent que je suis trop jeune… Je suis furieuse, et je me suis échappée un moment pour venir te parler, tu comprends…
Sur la place, une bise d’hiver soufflait doucement, emportant avec elle les dernières feuilles mortes qui subsistaient encore sur les platanes.
La fillette parlait toujours, mais elle chuchotait maintenant, comme si, sur cette place déserte et enneigée, quelqu’un avait pu l’entendre. Elle parlait toujours à son amie et il devait être vers les onze heures du soir.
L’église du village, illuminée, brillant de mille feux à quelques dizaines de mètres, paraissait joyeusement se préparer à la célébration de la messe de minuit.
La gamine murmurait :
- Je vais être obligée de rentrer maintenant. Je me demande pourquoi ils ne sont pas encore venus, mais je vais me faire attraper c’est sûr. […]
Extrait d’un article du Cévennes Magazine n° 2371 du samedi 20 décembre 2025 disponible chez votre marchand de journaux ou en commande sur notre site internet.
