Les états d’âme d’un patient ordinaire
ou PURGARE ET CLYSTERUM DONARE
6ème partie
Huitième temps
Le plafonnier de la salle se balance doucement au-dessus de moi. Il occupe tout mon champ de vision, on dirait un vélodrome tellement ça tourne.
Mais je suis bien. J’essaie de regarder de nouveau. Ça ne tourne plus. Je crois que je vais dormir encore un peu. Une voix lointaine et brouillée parle comme dans une conque. Je reconnais le mot « polype ». Je pense aussitôt que je ne suis pas venu pour rien et je me rendors sur-le-champ.
Une heure ou dix minutes après, j’émerge à nouveau, je lève les mains, je bouge les doigts, ça a l’air de fonctionner.
Un certain temps passe. J’entends qu’on remue derrière moi. Une autre infirmière surgit à mon côté.
- Ça va ?
Mon Dieu, faut pas se plaindre. Je suis encore un peu groggy.
- Ils vont vous ramener dans votre chambre.
« Ils » arrivent immédiatement, toujours aussi sympas, et me revoilà véhiculé comme un roi fainéant jusqu’à ma chambre où ma femme, inquiète, ronge son frein en m’attendant. Me voyant de retour en état de marche, elle retrouve immédiatement le sourire. Moi aussi.
Au bout d’un moment je me lève. Ça a l’air d’aller et, mentalement, je me dis que la mission est accomplie à cinquante pour cent. J’ai faim. L’heure du repas de midi a dû passer. Zut !
Un corps expéditionnaire de deux infirmières rentre en trombe pour me dire que le Docteur a demandé qu’on me fasse illico une radio de contrôle de l’abdomen.
Je m’habille et je m’apprête à me rendre dans la salle en question pour cette radio… Il est midi passé. Mon épouse m’embrasse et me quitte pour aller manger chez des amis qui n’habitent pas très loin. Ça va l’aérer un peu.
Elle n’a pas tourné le dos que le gastro arrive.
Par Alain Gurly
La suite dans Cévennes Magazine N° 2296 du samedi 13 juillet 2024 disponible en kiosque jusqu'au samedi 20 juillet.
Bonne lecture !