UN HAUT LIEU du patrimoine Alésien NOTRE DAME DES MINES - L’ERMITAGE D’ALÈS
   24/06/2024
UN HAUT LIEU du patrimoine Alésien  NOTRE DAME DES MINES - L’ERMITAGE D’ALÈS

UN HAUT LIEU du patrimoine Alésien

 

NOTRE DAME DES MINES - L’ERMITAGE D’ALÈS

 

Notre Dame des Mines - Son histoire

En ce XXIème siècle, où les nouvelles technologies envahissent très vite notre vie quotidienne, il nous semble intéressant de faire un petit clin d’œil au passé en reprenant l’historique de Notre Dame des Mines, sanctuaire situé à 290 mètres d’altitude et qui domine la ville d’Alès.

 

Il y a tout lieu de présumer qu’un sanctuaire païen (celtique) occupait cet emplacement de l’Hermitage (avec un H : coteau qui domine la vallée…).

L’abbé Bruyère dans son livre « Alès, Capitale des Cévennes » paru en 1948 est à même de préciser : « à l’époque de l’établissement des Volsques à Alès, remonte l’oppidum situé sur le sommet de la colline de Saint Julien des Causses (l’Ermitage) ». Précisons que les Volsques qui ont supplanté les Ligures s’établissent chez nous au IVème siècle avant Jésus-Christ. C’était une peuplade d’origine celtique.

L’oppidum était une enceinte d’un périmètre de 900 mètres environ, protégée par des murs formés de gros blocs calcaires sommairement équarris. Des fragments de ces murs, nous dit l’abbé Bruyère, subsistent en particulier du côté nord à gauche de l’actuel principal chemin d’accès et du côté sud surplombant la vallée.

L’oppidum avait la forme d’un polygone irrégulier convexe épousant les diverses fluctuations du terrain au sommet de la colline.

Une citerne profondément creusée dans le rocher et qui aujourd’hui est enclose dans les constructions dépendant de la chapelle Notre Dame des Mines peut remonter à l’époque où l’oppidum fut construit.

On peut lire plus loin « une dépendance du prieuré de Saint Germain de Montaigu, fondée au XIème siècle par des chanoines Augustins, se trouvait au sommet de Saint Julien des Causses (Ermitage). C’était, nous apprend la tradition populaire, une maison servant d’asile aux moines de Saint Germain devenus vieux et infirmes, la petite chapelle seule en a été conservée ».

Le sanctuaire fut mis à mal en décembre 1561 par les troupes de Jacques de Cambis, baron d’Alais rallié à la Réforme. En 1629 lors du siège d’Alais par Louis XIII un détachement de l’armée du duc de Rohan, chef protestant prit possession du sommet de l’Hermitage.

Les chanoines Augustins ayant abandonné ce prieuré, le XVIIème siècle avait amené sa ruine complète mais en 1675 un « Ermite », le frère Jean Salomon vient s’établir dans les bâtiments délabrés, l’évêque de Nîmes lui en ayant donné la permission et c’est à partir de cette date que l’orthographe « Ermitage » (avec un E : habitation d’un ermite) a été adoptée.

À partir de 1681 l’histoire nous est un peu mieux connue et nous empruntons quelques lignes à la notice historique écrite en 1930 par Louis Archet et Jean Trouillas, illustrée par des dessins à la plume de Maurice Archet.

« L’Église faisant partie de la paroisse du Pin était desservie par les frères Joseph VEYRON et Jean BAPTISTE. Le premier fut commis par Monseigneur l’Évêque de Nîmes en 1682 pour recevoir en ses mains l’abjuration des protestants. Jean Joseph Amans DELPUECH, prieur du Couvent des frères Prêcheurs d’ALEZ leur succéda. En 1718 le Frère Esprit BOYER, de l’ordre des Carmes, vint relever les ruines du monastère et nous a laissé une inscription en latin, attestant son dévouement, et qui se trouve à l’angle de la façade de la Chapelle. En voici la traduction : « Cet édifice fut bâti autrefois sous la protection de Saint Julien par les chanoines de l’ordre de Saint Augustin. L’époque de cette construction se perd dans l’obscurité des temps. En 1718, le Frère Esprit BOYER, du Tiers-Ordre des Carmes entreprit de relever les ruines de l’Hermitage et de la Chapelle.

L’année 1719, l’illustre évêque du Diocèse d’ALES (Mgr d’Avéjan) l’autorisa à y célébrer la messe et l’an 1736 cet Hermitage dont il était le desservant et qu’avaient édifié sa piété et son travail lui fut concédé. Cela a été écrit le 28 mai de l’an de grâce 1738). »

Ce Frère Esprit BOYER (qui était regardé comme un saint à cause de son dévouement au milieu des pestiférés à Alès) était, paraît-il un grand seigneur qui avait mené une vie bruyante et agitée à la cour de Versailles et qui était venu se cacher sous le froc grossier des religieux de l’ordre des Carmes sur la montagne du vieil Hermitage d’Alès. Seul Monseigneur d’AVEJAN emporta dans la tombe le véritable nom de cet ermite. En 1720, Monseigneur d’AVEJAN désigna la chapelle de Saint Julien des Causses comme station pour gagner l’indulgence du jubilé accordée au commencement du pontificat d’Innocent XIII.

Le Frère ESPRIT, succéda au Frère Esprit BOYER, mais malheureusement n’hérita pas des qualités de son prédécesseur : il trouvait, paraît-il, l’eau de la citerne un peu trop saumâtre et la remplaçait avantageusement par du vin.

Lors d’une tournée pastorale dans la commune de Saint-Jean-du Pin, Mgr de BEAUTEVILLE, le 21 août 1766, désigna le chanoine Claude SUGIER de la cathédrale d’Alès pour faire la visite du dit Hermitage.

Mgr de BEAUTEVILLE, évêque d’Alès, nomma par lettre pastorale du 31 décembre 1772, le Frère HILARION pour vivre conjointement dans l’état religieux avec le Frère PIERRE JOSEPH déjà établi.

La vieille chapelle et les bâtiments d’alentour étaient restaurés, les pentes de l’Hermitage prospéraient par le travail assidu de ces ermites diligents et tenaces et la fécondité de la terre les récompensait abondamment de leurs efforts.

Mais la Révolution s’adjugea ce vieux monastère. Elle le spolia, comme tant d’autres, et le vendit comme « bien national » au capitaine François MATHEY, pour la minime somme de quarante sols (20 frs.) le 23 primaire de l’an VI. Il fut revendu la même année à M. LABAUME, M. AUSSET l’acheta à ce dernier pour la somme de 200 Frs. Celui-ci en jouit plus longtemps que ses prédécesseurs ; il en fit sa résidence d’été et transforma le chœur de la chapelle en un salon ovale.

Mais le jeudi 10 août 1854, l’ermitage redevenait la propriété du clergé grâce au zèle et au dévouement de M. l’abbé BOURELY qui l’acheta à Monsieur AUSSET pour la somme de 4000 Frs et 200 Frs de rente viagère dont il ne jouit que pendant onze mois. L’année suivante l’Abbé BOURELY compléta l’acquisition de l’ancien monastère par l’achat de diverses propriétés voisines de la Chapelle pour la somme de 2 300 Frs et 30 Frs de rente viagère.

Quelques jours après les « TABLETTES D’ALAIS » annoncè-rent cet heureux évènement aux habitants de la ville.

En 1854 alors que le choléra faisait de nombreuses victimes dans les contrées voisines, l’abbé BOURELY fit le vœu de rendre au culte et de consacrer à la Sainte Vierge, l’antique Chapelle de l’Ermitage et cela dès que les circonstances le lui permettraient si l’épidémie n’atteignait pas la ville d’Alès. Alès fut préservée.

Le vœu de l’abbé BOURELY s’accomplit le 8 décembre 1872 où le sanctuaire fut bénit et consacré à la Bienheureuse Vierge Marie. Et le lendemain de nombreux pèlerins assistaient au Saint Sacrifice de la Messe. (Sa pierre tombale a été dressée contre le mur lors de travaux de rénovation du chœur).

La chapelle prit désormais le nom de Notre Dame des Mines. L’abbé BOURELY écrivit à Monseigneur PLANTIER, évêque de Nîmes qui lui adressa à ce sujet une lettre où il écrivait :

« Parmi les rochers qui dominent votre église, il est une cime privilégiée sur laquelle repose une Chapelle appelée, grâce à vous, à redevenir un lieu de pèlerinage. En couronner le faîte par une statue de la Sainte Vierge, sous le nom de Notre Dame des Mines, tels sont votre désir et votre projet, désir qui fait honneur à votre piété filiale pour Marie ; projet plein d’à-propos et que je m’empresse de sanctionner et d’encourager par mes ap- probations. »

Le grand pèlerinage de la ville s’accomplit le 27 septembre 1873 et l’on évalua à plus de douze mille âmes le nombre de pèlerins.

A cette occasion, le Christ de la grande croix du calvaire fut offert par M. BOISSIN curé de la cathédrale, et M. CHAPOT prononça une brillante allocution aux pèlerins qui se massaient nombreux sur les pentes de la montagne. Le soir une belle illumination embrasa toutes les hauteurs de l’Ermitage.

La bénédiction de la grande statue de la Sainte Vierge sur le chœur de la Chapelle et la bénédiction du bourdon attirèrent à l’Ermitage le 31 mai 1874 une affluence de pèlerins que l’on évalua à plus de 13 000 âmes. De nombreux mineurs venus des alentours assistaient à cette cérémonie.

La grande statue en fonte mesure 5,15 mètres et fut donnée par deux administrateurs des FORGES d’Alès. La grosse cloche d’un poids de plus de 1 100 kg fut offerte par Mme Vve TABARRE, la marraine et le parrain fut Monsieur de TUBEUF, Président du Conseil Curial de ROCHEBELLE et Maire d’Alès ; elle porte le nom de MARIE-ALEXANDRINE.

Des moines Camaldules vinrent occuper l’Ermitage le 4 novembre 1875, mais n’y restèrent que jusqu’au 26 novembre de l’année suivante. Des religieux du Très Saint-Sacrement les remplacèrent mais à la mort de leur supérieur ils se retirèrent tous, le père ARSÈNE excepté, dans leur Communauté à GRENOBLE. Le père Arsène demeura à l’Ermitage jusqu’à sa mort, où il fut enterré dans la chapelle.

L’édification des églises de St-Jean du Pin, de Rochebelle et de Tamaris, et les soucis de toutes sortes altérèrent profondément la santé de Monsieur l’Abbé BOURELY ; il s’endormit dans le Seigneur le 19 août 1878 à l’âge de 66 ans. Ses funéraires furent un véritable triomphe et selon son désir il fut enseveli dans la Chapelle de l’Ermitage qu’il avait tant aimée. Par testament il légua le sanctuaire de Notre-Dame des Mines au clergé de Rochebelle.

Monsieur l’Abbé LALLEMAND continua l’œuvre de son prédécesseur et eut l’heureuse idée en juillet 1893 de constituer une Société Civile de Notre-Dame des Mines pour mettre ce sanctuaire si cher aux Alésiens à l’abri de toute nouvelle spoliation. Il l’annonça à Monseigneur GILLY, évêque de Nîmes qui approuva la formation de cette Société par lettre du 4 août 1893.

L’œuvre de réparation du Sanctuaire fut entreprise au mois de février 1894 et le 27 mai de la même année, Mgr GILLY, vint inaugurer et bénir les travaux. De nombreux prêtres étaient à cette cérémonie : M. l’Abbé de VILLEPERDRIX, M. LAURON, M. l’Abbé LALLEMAND etc. Une affluence que l’on évalue à plus de 15 000 âmes s’était massée sur la montagne pour la bénédiction du T.S. Sacrement.

Cette Société Civile fit ses preuves en 1906 car elle préserva l’Ermitage des Inventaires. »

(Fin de la notice historique de 1930)

Le 21 mai 1936 la cloche actuelle en bronze baptisée Marie-Jeanne Alexandrine remplaça la cloche de 1 100 kg Marie Alexandrine qui était fêlée (celle-ci fut vendue à un collectionneur alésien en 1998).

En 1968 un véritable boulevard conduit en quelques minutes en voiture au sommet de l’ermitage pour favoriser l’implantation d’antennes de radio et de télé. Un peu plus tard un parking et une esplanade avec tables d’orientation sont aménagés par la municipalité. Le nombre de touristes augmente, ils viennent admirer à toute heure le meilleur panorama sur Alès et les Cévennes. Et puisqu’il y a une route, on supprime l’ancien monte-charges par câble sur pylônes qui partait de St Rabbi.

Une équipe de paroissiens de Rochebelle entreprend alors la rénovation intérieure de la chapelle et ceci avec beaucoup d’enthousiasme.

En 1972, des travaux importants s’imposent : le mauvais temps, la neige et surtout un gros orage ont sérieusement endommagé l’abside et la statue a besoin d’être réparée et à nouveau fixée. C’est toute la ville d’Alès qui va être sollicitée, une association pour la restauration de l’Ermitage d’Alès est créée, une souscription est ouverte à la générosité de tous. Les travaux de réfection peuvent commencer : une importante charpente de bois est dressée sous le socle afin de soutenir la statue qui se trouve dessus. La « Bonne Mère » des Alésiens est sauvée !

Mais l’entretien d’un sanctuaire placé sur ce promontoire demande des soins constants, aussi en 1980 l’Association Notre Dame des Mines (loi 1 901) remplace la Société Civile afin de prendre en charge et de conserver tout ce domaine.

Il faut d’abord refaire la toiture de la chapelle avant de rénover l’intérieur de celle-ci et des bâtiments annexes.

En 1981, un échafaudage monumental est mis en place autour du socle de la Vierge ; la réparation de la zinguerie qui recouvre le dôme de la chapelle est en cours puis une équipe de spécialistes s’attachera au nettoyage de la statue et refera la peinture.

En 1998 un gros orage endommage la statue de la Vierge. La main touchée par la foudre est retrouvée en plusieurs morceaux sur le toit de la chapelle ; il faudra attendre plus d’un an pour que Notre Dame des Mines puisse à nouveau étendre ses mains protectrices sur la ville. La main en fonte a été moulée pour retrouver sa jeunesse dans un nouveau matériau, un petit coup de nettoyage et de peinture depuis une grue suffit pour remédier à la blessure à quelques 5,15 mètres de haut.

Le sanctuaire continue d’attirer les Alésiens et leurs voisins ainsi que de nombreux touristes. Des groupes d’enfants ou d’adultes s’y retrouvent de temps en temps. Mais c’est surtout pour le 15 août, que de nombreux pèlerins venus de toute la région se rassemblent pour prier Notre Dame. Le 8 décembre, jour anniversaire de la consécration du sanctuaire à la Vierge, la chapelle accueille aussi bon nombre de fidèles.

Depuis 2004, suite à une vente et surtout avec l’aide de nombreux et compétents bénévoles, l’association a pu mener à bien certains travaux de restauration du site.

Le 2 juillet 2005, la cloche de la chapelle, remise en état a été réinstallée et sonne dorénavant les heures grâce au concours de la municipalité et de l’entreprise Poitevin.

L’année 2008 sera une année historique, puisqu’elle a vu la découverte d’une superbe mosaïque préromaine (50 ans avant J.-C.), la plus grande jamais trouvée pour cette époque soit 36 m2 d’art et d’histoire, par un groupe de recherches archéologiques sous la direction de Madame Fabienne OLMER, chargée de recherches au C.N.R.S., sur une parcelle de terrain appartenant à l’association en contrebas du sanctuaire.

Cette mosaïque restaurée en Arles, a du revenir sur Alès pour y être exposée, l’association en ayant fait don à la ville.

La statue de la Vierge et le socle avaient encore besoin d’un certain « lifting », ce qui fut réalisé fin 2009. Début 2010, c’est le campanile qui abrite la grosse cloche et qui menaçait de s’effondrer qui a entièrement été restauré, grâce à l’appui de la municipalité : mais ne fait-il pas partie du patrimoine alésien ?

Mais la vétusté des lieux et les dégâts causés par les intempéries auxquelles ils sont soumis ainsi, hélas que par le vandalisme (effractions, tags… ) occasionnent chaque année des frais d’entretien ou de restauration importants.

C’est pourquoi l’Association, qui ne perçoit aucune subvention de l’état et qui ne fonctionne que grâce aux dons,  compte donc toujours sur la générosité de tous ceux qui ont le plaisir de venir admirer Alès et les belles Cévennes de ce lieu exceptionnel et de ceux encore qui viennent se ressourcer auprès de Notre Dame des Mines qui continue de veiller sur toute la région.

Denise GELY ARCHET (juin 2010)

 

 

Pour connaître tous les secrets de l’Ermitage, visitez le  site internet : notredamedesmines. webnode.fr

 

Que vous soyez touristes, promeneurs ou pèlerins, Max, gardien du sanctuaire, vous accueillera dans les jardins de la chapelle tous les lundis, mercredis et dimanches, de 14 heures à 17 heures, à compter du 18 septembre.

Si vous souhaitez privatiser les jardins et la salle pour un baptême, un anniversaire, une réunion…, contactez Max. Renseignements : 06 18 26 99 18